La reconstruction de Haïti, catastrophique et inachevée, a mis en avant les défaillances de l’appareil humanitaire, qui ne cherche plus à intervenir dans la durée. Les organisations, venues pour aider les populations et les pays touchés, ne font qu’aggraver les situations, précarisant d’autant plus les sinistrés en les entraînant dans une logique d’assistanat. En écartant les habitants du processus de reconstruction sous prétexte qu’ils sont sous le choc ou inaptes à agir, les ONG les empêcher de survivre par eux-mêmes, et de prendre le relais le jour de leur départ.
    La reconstruction au Népal, ou du moins le processus engagé que j’ai pu observé, démontrait ce revirement de situation. Le groupe Architectes Sans Frontières, principal intervenant, était alors dans une logique de co-conception et de coproduction avec les habitants. Il apparaît donc aujourd’hui que les populations sinistrées réclament un rôle dans la reconstruction de leur environnement. Ils ne sont plus considérés uniquement comme des cibles de la reconstruction, mais aussi, et surtout comme des acteurs à part entière.

    L’ensemble de ces études a fait émerger les limites des deux approches observées : d’un côté, les professionnels intervenus en Haïti ont pratiqué une approche top-down, appliquant des logiques décontextualisées sur un territoire, sans prendre en compte les besoins des populations présentes. Ce faisant, ces acteurs, sous couvert de servir l’intérêt général, n’incluent pas les intérêts particuliers. De l’autre côté, la méthode d’interventions au Népal pose également des questions sur la temporalité de l’action, et sur la place du professionnel de l’espace, qui ne fait que compiler les intérêts particuliers, pour faire émerger de l’intérêt collectif. Se pose dès lors la question de la légitimité du professionnel, qui ne semble qu’être un médiateur.